Mais cette fois-ci, pas question de louper ce marché, ça promettait d’être riche en expériences culinaires : sur l’affiche, une belle tête de poisson frais et écrit en caractères gras (comme le poisson) » Einkaufen, schlemmen, geniessen « . Comprenez : » Faire des emplettes, faire ripaille, savourer « . Quel programme ! Vous vous doutez de l’état d’excitation dans lequel je me trouvais…
Et Plouf, en quelques secondes, tout est tombé à l’eau… Quelle déception. A notre arrivée, je reniflais profondément l’air ambiant à la quête de la moindre effluve de poisson, j’ouvrais l’oreille pour saisir l’écho de la vente à la criée… Rien. En rentrant dans la première allée, je commence à voir une montagne de paniers par terre… Bizarre, ce doit être pour les gens qui ont oublié le leur à la maison. Mais on a eu vite fait de se rendre à l’évidence : sur le marché au poisson, y a pas de poisson ! Pas l’ombre d’un bar, d’une truite ou d’une dorade. Le thon et la perche, absents aussi.
Au mieux quelques crevettes, quelques huîtres, du poisson pané (désolée, sous sa chapelure, je l’ai pas reconnu) et quelques poissons fumés. Du poisson frais ?! n’y pensez même pas. C’est à se demander pourquoi ils appellent ça marché au poisson ? C’est sûrement le nom que portait ce marché dans le temps, et ils ont oublié de le changer au fil des évolutions. Aujourd’hui, moi j’appelle ça une braderie. Vous devez vous demander ce qu’il pouvait bien y avoir sur ce fameux « marché » s’il n’y avait pas de poisson. Et bien, de tout, sauf du poisson : des peluches kitsch, de la lavande » de France « , des crèmes pour se pomponner, des voitures (quelle idée de venir acheter sa voiture au marché), des saucisses (et après, essaie de convaincre les gens qu’ils ne mangent pas que des saucisses ici…), de la bière (bah voyons, encore un stéréotype ?). Le plus surprenant, c’était les stands de vente de tout et n’importe quoi, mais bradé. Le principe : un gros camion rempli d’un produit quelconque, un vendeur qui a la tchatche avec un micro, un tas de paniers devant le camion, un attroupement aussi devant le camion et les gens qui prennent un panier, qui se dirigent vers le gentil vendeur qui flatte la foule et lui demandent de remplir leur petit panier de ses « jolis » produits.
Evidemment, ils repartent tous convaincus d’avoir fait des affaires. Vous appliquez le même principe avec des plantes dopées aux engrais, des fromages industriels (et le vendeur d’assurer qu’ils étaient bons puisqu’ils étaient français. Bah voyons !), des fruits pas mûrs et des paquets de pâtes, et vous obtenez…. un marché au poisson !
Et puis j’oubliais le pompon : l’orchestre allemand typique présent dès le moindre événement en Allemagne (ah non, c’est juste à Cologne ? bon, on déménage demain !) qui vous transperce les tympans à coups de musiques ringardes que tout le monde connaît sauf nous, mais on s’en porte pas plus mal (même plutôt mieux).Bilan de la journée : très très mitigé. Heureusement, le tout a été égayé par un petit verre de Federweiβer auquel on a goûté sur les bons conseils de ma copine Ulrike. Pour accompagner notre Federweiβer, on a pris une part de Zwiebelkuchen, gâteau aux oignons, tout aussi typique (bon, j’avoue, y a pas que les saucisses) et une tartine de saumon fumé écossais avec une rondelle d’œuf un peu louche quand même. On était venus manger du poisson après tout, alors on en a mangé !
Revenons à notre Federweiβer puisqu’il a sauvé notre journée. C’est un jus de raisin à peine fermenté produit dans les différentes régions viticoles d’Allemagne. Celui qu’on a bu venait de Rhénanie-Palatinat, région au sud de la Rhénanie du Nord – Westphalie (là où on habite). On peut le déguster à partir de la mi-septembre pendant quelques semaines seulement, après, il faut attendre un an. Il est légèrement pétillant, de couleur jaune pâle un peu trouble et on sent à peine l’alcool ce qui explique pourquoi j’ai descendu mon verre sans me faire prier. (Mais quelque chose me dit que dans ces circonstances, j’aurais aussi bien avalé un verre de vodka…)
Quand je serai remise de cette mésaventure, je vous donnerai quand même la recette du Zwiebelkuchen, spécialité allemande qui vaut quand même le coup d’être goûtée, et c’est pas la seule (je commence déjà à me remettre, je le sens !) Pour l’heure, une chose est sûre : désormais, je me méfierai des belles affiches et des noms de marchés prometteurs…
Notre sauveur…
Bonjour Miss,
Billet lu d’une traite, et j’adore 😉 même si je suis désolée pour vous !
Ps : Ce n’est pas un rouget, j’ai bien une idée mais suis pas sûre… Une rascasse ?
Plouf… le marché aux poissons.
Dommage. Enfin, il avait l’air de faire beau.
Bon ! D’accord , pas de poisson mais pour nous le plaisir de lire ton post et de rire ! Et ça !!!! C’est pas rien!
Merci pour ce reportage drôlement sympa! Bravo pour ce billet!
Ici à Bordeaux le Federweiβer s’appelle vin bourru et on le boit en accompagnement de châtaignes grillées. Le vin vendangé tout juste fermenté tombe pile poil à la période des châtaignes. Ce sera pour dans quelques semaines.
Je trouve que c’est plus sympa que la saucisse.
Un marché aux poissons sans poisson, et bien, c’est surréaliste 🙂
Et quant à ce Benoit, quel manque d’éducation tout de même. C’est peut être dû à la vie romaine.
Et bien, j’ai bien ri , un bon moment de détente grâce à ce long billet trop drôle ! Moi sur l’affiche j’aurais parié pour un rouget grondin, mais bon ….je dis ça comme ça sans conviction !
A bientôt pour une description réaliste de la vie Outre-Rhin !
Ho la déception…mais j’ai constaté sur la fin que vous aviez su vous remonter le moral avec un petit verre et une jolie tartine !
journée pas drôle, bien plus drôle à lire et j’espère à écrire et heureusement il y a toujours même dans la pire journée un petit remontant (à boire ou à manger).
si tu as Benoit au téléphone, tu lui passes le bonjour de ma part.
bise
Pas de marché aux poissons et pas de connaisseuses !! le poisson me semble être un labre avec ses points colorés.On en péchait plein au large de capo di muro en corse. Pas vrai Iza ??
Heureusement qu’il y avait à boire, ça sauve toujours une journée un bon verre.
Génial ton récit, on est juste à côté de toi tant c’est réaliste.
J’suis bien contente que mon récit vous ait fait(es) rire ! je me suis bien marrée en l’écrivant aussi, même si je n’ai rien inventé du tout et qu’au fond, c’est pas drôle.
Pour le poisson, alors, une rascasse, un labre, un rouget grondin ???
Quant à Benoît, il ne donne plus signe de vie (je crois qu’il nous snobe et qu’il a pris la grosse tête…)
Il me semble bien que dans ton marché aux poissons, les poissons aient été les acheteurs appâtés… Regarde, cela a même marché pour vous puisque malgré votre déception, vous avez consommé sur place!
Bonjour,
J’ai vraiment adore ce post. Etant une francaise qui a vecu 4 ans a Munich, je confirme: il n’y a pas a Cologne que le Fischmarkt est une grande foire de tout et de rien et qu’il y a un orchestre ridicule qui apparait a chaque « Veranstaltung » (occasion) ! Il n’empeche: qu’est-ce qu’on s’amuse en Allemagne !
chère française qui a habité Munich : je suis bien d’accord avec toi, on s’amuse quand même bien en Allemagne ! on voit tout avec des yeux ébahis de p’tits français, ça bouscule nos habitudes…
Merci de ton passage ici.
Im Mittelalter mussten die Schiffe vor der Altstadt ihre Fracht ausladen und die Waren drei Tage anbieten. An den Handel und das Stapelrecht erinnern die vielen kleinen Altstadtplätze wie der Buttermarkt, Fischmarkt oder Eisenmarkt. J’ai trouvé cette explication sur des pages « Köln ». Donc le nom est plutôt historique et même au moyen âge, le poisson n’était probablement pas frais le troisième jours.
Par contre, les vendeurs de « n’importe quoi » à bas prix utilise toujours la technique de la vente à la crié – encore pratiquée sur le vraie Fischmarkt à Hamburg.
Très amusante, ton histoire, surtout pour une Allemande de Düsseldorf, qui vit depuis plus que 25 ans à quelques kilomètres de l’Aude.
Et ne cherche pas de beurre au Buttermarkt, la prochaine fois!
Cette après midi, je vais boire un verre de vin bourru à ta saanté!
amicalement
Iris