En ce début d’été, les escapades à l’épicerie anglaise et les scones entre amis ne suffisant plus à satisfaire mon besoin effréné de culture et de nourritures britanniques,  je me suis évadée quelques jours de l’autre côté de la Manche, répondant enfin à l’invitation d’une amie installée là-bas depuis plus de deux ans. Ce week-end prolongé a pris une tournure quelque peu culinaire et ceci sans aucune préméditation, à part peut-être une ou deux bricoles…

Ma première matinée d’acclimatation londonienne consiste en une longue promenade dans le quartier de Primrose Hill. J’ai envie de m’arrêter dans toutes les petites boutiques et de m’asseoir à toutes les adorables  terrasses pour boire un English Breakfast avec quelques pâtisseries.

Mais l’urgence est de me procurer un plan de la ville. J’ai tellement bien préparé mon séjour que je n’ai pas mis de plan de Londres dans mes bagages et je n’ai pas non plus la moindre idée de ce que je vais faire de ces mini-vacances…

Mon plan en poche, j’en profite pour me perdre, veillant, ici comme ailleurs, à conserver mon sens de l’orientation déplorable qui me donne un certain charme 😉 . J’ai une destination en tête. Quelques arrêts de métro plus loin, de longues minutes de réflexion, un retour sur mes pas et finalement une insouciance retrouvée qui me fait faire confiance au hasard, je me retrouve à Notting Hill, ce qui n’était pas du tout prévu. Vous me direz, il y a pire comme plan B, surtout lorsque l’on a déjà quasiment oublié ce qui nous menait dans le premier endroit jamais trouvé.

Mon petit détour me permet de repérer le prochain Recipease qui ouvrira cet été à Notting Hill. Jamie recrute, avis aux amateurs et aux professionnels.

Petite averse, je m’engouffre dans un supermarché officiellement pour me protéger des gouttes (quoique, j’ai oublié le plan mais j’ai pensé au parapluie), officieusement pour parcourir les rayons sans la moindre intention d’acheter quoi que ce soit (enfin, pour le moment), juste pour le plaisir d’observer les habitudes alimentaires locales. Ah, les chips au vinaigre, les chocolats Cadbury de mes premiers séjours linguistiques, la sauce à la menthe, la Marmite…

L’averse passée, ma petite balade me mène jusqu’à Portobello Road, où bien évidemment se tient le marché de… Portobello. J’aurais pu m’y attendre si j’avais lu mon guide, ledit guide qui commence à dater un peu puisqu’il m’a accompagnée lors de ma dernière escapade londonienne il y a presque 12 ans… Mais je n’avais bien entendu pas lu cette partie du guide et ai découvert émerveillée ce quartier, comme les suivants, sans avoir été préparée ce qui m’a permis de conserver une savoureuse innocence dans mes déambulations touristiques.
Je viens à me poser la question de la nécessité d’emporter un guide de voyage lors de mes prochaines vacances finalement !

Un petit coup d’oeil sur  les cupcakes de la Hummingbird Bakery me permet de me rendre compte, non sans une légère culpabilité, que je suis sur le point d’oublier la fête des pères, ce que je m’empresse de faire dès le lendemain comme prévu. Sorry Dad…

Une nouvelle averse me pousse à me réfugier dans un magasin bio, comme par hasard… Me voilà chez Planet Organic (qui après vérification figurait déjà dans mon guide il y a 12 ans, Londres est en avance dans bien des domaines…). Je m’attarde au rayon des thés, puis à celui des chocolats, celui des farines et je tombe en arrêt devant les légumes un peu trop parfaits et pourtant bio !

La balade se prolonge de façon très agréable. Mes pas me guident chez Tavola sur Westbourne Grove, une épicerie fine au centre de laquelle une grande et rustique table en bois est dressée avec des salades appétissantes, une multitude de petits pains, des desserts, de très beaux produits italiens, des accessoires culinaires judicieusement choisis…

Je commence à rentrer doucement, sur les pavés mouillés et sous le soleil éblouissant, pour retrouver mes amis. Sur le chemin, une petite halte dans une librairie et je me retrouve avec un livre de cuisine en plus…

L’après-midi, en allant au playground, petite visite à la Primrose Bakery, juste pour regarder…

Le diner du soir est coloré, équilibré et parfumé comme Flo sait les faire. Je vous souhaite qu’elle publie prochainement sur son blog la recette de sa tartine aux petits pois et aux fèves (avec du pain au levain maison, s’il-vous-plaît). C’était simply delicious.

Une tisane au milieu des livres et magazines de cuisine, on se confirme notre admiration commune pour Nigel, Martha, Jamie, Heidi et les autres...

Samedi matin est un matin à crumpets ! Et il n’y a pas que les enfants qui en sont ravis.

Après ce petit-déjeuner de luxe, nous partons toutes les deux avec pour objectif principal d’acheter notre déjeuner dans une des boutiques de Yotam Ottolenghi. Quelques stations de métro plus tard, nous voilà dans le chic quartier de Belgravia où nous trouvons rapidement cette petite vitrine élégante remplie de toutes sortes de gâteaux au chocolat, aux fruits, financiers, croissants au pavot… Une fois à l’intérieur, je retrouve exactement ce que les livres d’Ottolenghi laissent entrevoir. Une cuisine gourmande, fraîche, colorée, mise en valeur par un design sobre, une boutique claire. J’adore.

Un des employés de Yotam est français et nous aide à choisir parmi les desserts. Sûre qu’on aurait pu lui soutirer une ou deux recettes en jouant les groupies un peu plus longtemps ! Pour les salades, on prend notre temps, entre gourmandise, papotages et hésitations…Enfin, nous emportons notre butin dans son petit sac blanc avec un enthousiasme à peine contenu et deux larges sourires aux lèvres. Nos estomacs et nos papilles sont en émoi. Après une courte marche de mise en appétit, nous nous installons sur un banc dans les jardins de Kensington Palace où un rouge-gorge viendra bientôt quémander quelques miettes…